top of page

Nutri-Score : réponses aux critiques et réponses scientifiques aux idées reçues

  • admin
  • 17 mars
  • 4 min de lecture

Depuis son introduction il y a une dizaine d'années, le Nutri-Score suscite des débats passionnés. Officiellement adopté en France en 2017, puis progressivement dans plusieurs pays européens (Belgique, Espagne, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse), cet outil d’information nutritionnelle vise à guider les consommateurs vers des choix plus favorables à leur santé.


Cependant, malgré le soutien de nombreuses instances de santé publique et d’associations de consommateurs, il fait l’objet d’attaques répétées. Derrière ces critiques, on retrouve souvent des lobbys agroalimentaires, des secteurs agricoles ou encore des figures médiatiques relayant des arguments erronés.


Dans la lignée du post publié sur le blog officiel Nutri-Score, cet article propose d’examiner les objections fréquemment avancées contre le Nutri-Score et d’y apporter des réponses étayées par la science.


1. Un système “simpliste et réducteur” ?

L’une des critiques récurrentes consiste à qualifier le Nutri-Score de simpliste. Pourtant, cette simplicité apparente est précisément ce qui en fait un outil efficace. Son algorithme repose sur plus d’une centaine d’études scientifiques et intègre les nutriments à favoriser (fibres, protéines, fruits et légumes) ainsi que ceux à limiter (gras saturés, sel, sucres).

Plutôt que d’être “réducteur”, le Nutri-Score est un indicateur synthétique conçu pour rendre l’information nutritionnelle plus accessible. Contrairement aux tableaux complexes de valeurs nutritionnelles, souvent illisibles pour le grand public, il permet une comparaison rapide et intuitive entre produits similaires.



2. Un outil stigmatisant et culpabilisant ?

Certains affirment que le Nutri-Score “stigmatise” certains aliments, notamment les fromages ou les charcuteries. Pourtant, il ne fait qu’objectiver leur composition nutritionnelle en accord avec les recommandations de santé publique.

Un produit classé D ou E n’est pas “interdit” : cela signifie simplement qu’il doit être consommé avec modération. Le Nutri-Score ne dicte pas ce que l’on doit manger, mais informe pour permettre des choix plus éclairés. D’ailleurs, 90 % des consommateurs ayant été exposés au Nutri-Score souhaitent son adoption obligatoire, preuve qu’ils perçoivent l’outil comme une aide et non comme une contrainte.




3. Une atteinte aux libertés individuelles ?

Certains détracteurs brandissent l’argument des libertés individuelles, accusant le Nutri-Score de vouloir imposer une alimentation normée. Or, il n’a aucune valeur prescriptive : il ne restreint ni ne réglemente la consommation.

Au contraire, dans un environnement où la publicité et le marketing influencent massivement les choix alimentaires en faveur de produits ultra-transformés, riches en gras, sucre et sel, le Nutri-Score permet d’équilibrer l’information. Il ne limite pas la liberté du consommateur, il lui offre simplement une transparence accrue pour faire des choix en toute connaissance de cause.



4. Une injustice pour les produits traditionnels (AOP, IGP) ?

Certains producteurs accusent le Nutri-Score de pénaliser les produits labellisés comme les fromages AOP ou IGP. En réalité, ces labels garantissent un mode de production et un savoir-faire, mais ne prennent pas en compte la qualité nutritionnelle.

Ainsi, un fromage AOP peut être gras et salé, et un produit ultra-transformé peut contenir des fibres et peu de sucre. Le Nutri-Score ne juge pas la qualité gustative ou culturelle d’un produit, mais simplement son impact nutritionnel.

D’ailleurs, une étude de l’UFC-Que Choisir a révélé que 62 % des produits labellisés traditionnels obtiennent une note A, B ou C. Seuls les produits les plus riches en sel et en matières grasses, comme certaines charcuteries et fromages, obtiennent un D ou un E – ce qui reflète la nécessité de les consommer avec modération.



5. Un indicateur incomplet car il ne prend pas en compte l’ultra-transformation ?

L’argument selon lequel le Nutri-Score ne tiendrait pas compte de l’ultra-transformation est exact... mais trompeur. En effet, aucun logo nutritionnel au monde n’intègre actuellement cette dimension, car il n’existe pas encore de consensus scientifique permettant de quantifier précisément l’impact de l’ultra-transformation dans un algorithme unique.

Cela dit, cette critique ne remet pas en cause l’utilité du Nutri-Score, qui se focalise sur l’équilibre nutritionnel. L’idéal serait de fournir aux consommateurs des informations complémentaires sur l’ultra-transformation en parallèle du Nutri-Score, ce que certains scientifiques proposent déjà à travers des pictogrammes additionnels.



6. Un calcul biaisé car basé sur 100g de produit ?

Certains opposants critiquent le fait que le Nutri-Score soit calculé sur 100g de produit, argumentant que nous ne consommons pas 100g de mayonnaise ou de fromage en une seule prise.

Or, cette méthodologie est celle imposée par la réglementation européenne pour la déclaration nutritionnelle des aliments. De plus, utiliser une portion arbitraire ouvrirait la porte à des manipulations par les industriels, qui pourraient réduire artificiellement les quantités affichées pour obtenir un meilleur score.

7. Un danger pour l’alimentation méditerranéenne ?

Des lobbys, notamment italiens, affirment que le Nutri-Score serait une menace pour la diète méditerranéenne. Pourtant, les principes de cette alimentation sont largement compatibles avec le Nutri-Score :

  • Fruits et légumes → A

  • Légumineuses et céréales complètes → A

  • Poissons et huile d’olive → B ou C (et bientôt B pour l’huile d’olive après mise à jour de l’algorithme)

Ce sont uniquement les produits riches en sel et en matières grasses saturées, comme certaines charcuteries et fromages, qui obtiennent des scores moins favorables – ce qui est cohérent avec les recommandations nutritionnelles.

8. Un outil au service des industriels ?

Certains accusent le Nutri-Score de favoriser les grandes marques. Pourtant, à son lancement, il a été farouchement combattu par l’ensemble de l’industrie agroalimentaire. Ce n’est qu’après plusieurs années de pression scientifique et citoyenne que certaines entreprises ont fini par l’adopter.

Encore aujourd’hui, des multinationales comme Coca-Cola, Mars, Ferrero ou Mondelez s’opposent à son déploiement obligatoire en Europe, preuve qu’il ne sert pas leurs intérêts.


9. Un système qui évolue avec la science

Enfin, certains critiquent le fait que le Nutri-Score ait été mis à jour. En réalité, cette révision fait partie intégrante du processus scientifique : tout système de santé publique doit s’adapter aux nouvelles connaissances.

L’évolution de l’algorithme en 2023 vise par exemple à mieux pénaliser les aliments riches en sucre et à mieux valoriser ceux riches en fibres. Cette mise à jour assure que le Nutri-Score reste aligné avec les recommandations nutritionnelles actuelles.

Conclusion : le Nutri-Score est un outil imparfait mais indispensable

Aucune politique de santé publique ne fait l’unanimité, surtout lorsqu’elle remet en question les intérêts économiques en place. Le Nutri-Score n’est pas parfait, mais il repose sur une base scientifique solide et vise à faciliter l’accès à l’information nutritionnelle.

Plutôt que de se laisser influencer par des arguments fallacieux, il est essentiel de s’appuyer sur des faits. Les consommateurs méritent une information claire et fiable pour faire leurs choix alimentaires en toute connaissance de cause.

Comentarios


bottom of page