Comment obtenir la certification B Corp : guide RSE complet 2025
- admin
- 17 oct.
- 7 min de lecture

1.Qu'est-ce que B Corp ?
Alors que les parties prenantes (clients, investisseurs, salariés, institutions) exigent davantage de transparence et d’impact, la certification B Corp semble s’imposer comme un standard mondial de crédibilité pour les entreprises engagées.
Ce label est porté par l’ONG B Lab, et vérifie la performance sociale, environnementale et de gouvernance sur l’ensemble de l’entreprise.
Pour les responsables RSE, ESG et développement durable, la pression est forte : il ne suffit plus seulement d’annoncer des ambitions vertes ou sociales, il faut les prouver par une démarche robuste, certifiable et reconnue. De plus en plus d’organisations considèrent ainsi devenir B Corp comme un pilier de leur stratégie d’impact et de réputation.
Alors comment réussir votre démarche de certification B Corp, du diagnostic initial à la vie post-certification, en évitant les pièges ?
2. Pourquoi la certification B Corp est stratégique aujourd’hui
2.1 Avantages de la certification B Corp
Amélioration de la réputation et confiance : le label B Corp agit comme une preuve externe : les consommateurs recherchent aujourd’hui des marques authentiques.
Attirer et retenir les talents : des profils engagés (notamment les millennials / générations Z) sont sensibles à l’alignement des valeurs.
Accès aux financements à impact : les investisseurs ESG ou “sustainability-driven” privilégient les entreprises avec des preuves solides d’impact.
Cohérence interne et performance opérationnelle : le processus oblige à structurer les données, révéler des inefficacités et piloter par les KPI d’impact.
Intégration dans l’écosystème B Corp : réseaux, coopérations, visibilité sectorielle.
En 2025, plus de 9 576 entreprises sont certifiées B Corp dans le monde (dans 160 industries). En Europe (hors RU), plus de 2 500 B Corps listées.
2.2 La certification B Corp et le paysage ESG / reporting extra-financier
La certification B Corp complète les cadres ESG et les obligations réglementaires (CSRD, taxonomie européenne, normes de reporting). Elle offre une preuve tierce et transparente que les déclarations ESG sont alignées à des pratiques opérationnelles rigoureuses, ce qui renforce la crédibilité du reporting RSE.

3. Comprendre le B Impact Assessment (BIA) : la clé de la certification

3.1 Structure, méthodologie et score minimum
Le BIA est un outil en ligne de B Lab comportant 100 à 200+ questions selon la taille, le secteur et le pays.
Chaque question donne un certain nombre de points pondérés selon la matérialité du sujet pour l’entreprise (secteur, influence, modèle).
Il existe également une Disclosure Questionnaire (DQ), une section non notée mais essentielle pour la transparence (risques, litiges, pratiques controversées).
Le score minimum requis est 80 points (sur ~250) pour être éligible à la certification.
L’audit de vérification par B Lab exigera des documents justificatifs, des entretiens, parfois des audits sur site.
3.2 Les cinq piliers / domaines d’impact
Le BIA est structuré autour de 5 domaines (pillars), chacun avec des modules et des questions spécifiques :
Gouvernance (Governance) : mission, transparence, structure de gouvernance, prise en compte des parties prenantes.
Travailleurs (Workers) : conditions de travail, rémunération, formation, inclusion, participation des salariés.
Communauté (Community) : ancrage local, diversité fournisseurs, impact social, engagement territorial.
Environnement (Environment) : gestion des ressources, émissions, déchets, éco-conception, approvisionnement durable.
Clients (Customers) : valeur sociale/environnementale de vos produits/services, accessibilité, transparence client.
Les questions actives (et leur poids) varient selon le secteur d'activité. Certains modules sont “bonus” pour des performances exceptionnelles.
3.3 Ce qui distingue les candidats certifiés des non-certifiés
Les entreprises qui atteignent 80 points ou plus disposent souvent de politique formalisée, reporting structuré, gouvernance mature, chaîne d’approvisionnement encadrée.
L’absence de documentation (politiques RH, audits, contrats fournisseurs) est un obstacle fréquent.
L’impact indirect (fournisseurs, scope 3) pèse beaucoup : c’est souvent ce qui différencie un score de 75 d’un score de 90.
La cohérence globale est importante : il est difficile de compenser une faiblesse profonde en gouvernance ou transparence par un score fort en environnement uniquement.
4. Feuille de route : les 5 étapes pour obtenir la certification B Corp
Étape 1 : Audit interne et alignment stakeholder

Montez une équipe projet interfonctionnelle (RSE, finance, RH, opérations, juridique).
Lancez un audit BIA interne (auto-évaluation) pour cartographier vos forces, faiblesses, et gaps de données.
Classifiez les priorités : quick wins vs projets structurants.
Définissez une feuille de route projet B Corp (jalons, ressources, budget).
Engagez la direction et les parties prenantes dès le début (atelier de kick-off, communication interne).
Étape 2 : Remplissage du BIA : bonnes pratiques et pièges à éviter
Répondez prudemment dans un premier jet, marquez les questions à revisiter.
Enregistrez les preuves documentaires au fur et à mesure (politiques, audits, rapports).
Ne négligez pas la Disclosure Questionnaire : la transparence sur les zones sensibles est valorisée.
Vérifiez les questions sectorielles activées – n’en négligez pas certaines.
Simulez l’impact de vos réponses (gain/perte de points) pour arbitrer les investissements prioritaires.
Étape 3 : Mise en œuvre des leviers de progrès

Pour la gouvernance : intégrer la mission dans les statuts, créer un comité d’impact, adopter un code éthique.
Pour les RH / travailleurs : formaliser les politiques, instaurer des enquêtes internes, rémunération équitable, inclusion, formation.
Pour l’environnement / opérations : réaliser un bilan carbone, optimiser l’efficacité énergétique, gestion des déchets, circuits responsables.
Pour la communauté / chaîne d’approvisionnement : sélectionner fournisseurs selon des critères ESG, audits fournisseurs, partenariats locaux.
Pour les clients / impact produit : mesurer l’impact sociétal ou environnemental, offrir des versions durables, transparence sur les performances.
Étape 4 : Vérification / audit B Lab & soumission
Une fois le score >= 80 points (vous pouvez viser 90+ pour marge), soumettez le BIA pour vérification.
Attendez la revue par un analyste B Lab : production de documents, entretiens, questions de clarification.
Soyez prêt à des ajustements itératifs, parfois des audits sur site.
Une fois validé, signez l’accord, payez les frais, et votre entreprise apparaît dans le répertoire officiel B Corp.
Étape 5 : Vie post-certification et stratégie de valorisation
Communiquez (site web, rapport d’impact, marketing) avec transparence : score, axes d’amélioration, feuille de route.
Intégrez un tableau de bord d’impact pour suivre les KPI par pilier.
Maintenez une gouvernance de progrès (comité interne, revues périodiques).
Vous pouvez également participer à la communauté B Corp locale (France / Europe) : événements, collaborations, retours d’expérience (via B Lab France, par exemple).
Préparez la recertification tous les 3 ans, anticipez l’évolution des standards (ex : V2.1, brand guidelines).
5. Défis fréquents et solutions
Problème 1 : Absence de documentation formalisée

Solution : dès l’audit, déclencher la formalisation de politiques (RH, achats, environnement), rendre systématique la production de preuves (contrats, audits, rapports).
Problème 2 : Données manquantes ou peu fiables
Solution : déployer dès que possible un système de collecte de données (énergie, déchets, turnover, diversification fournisseurs). Si des historiques sont vides, commencer à structurer dès maintenant.
Problème 3 : Gouvernance faible / absence de structures inclusives
Solution : créer un comité de parties prenantes, modifier les statuts pour inclure une mission / clause d’impact, formaliser les processus décisionnels.
Problème 4 : Manque d’adhésion interne

Solution : impliquer les opérationnels dès le départ, illustrer le bénéfice métier, organiser des ateliers participatifs, faire du projet B Corp un projet intégré (et non un gadget RSE).
Problème 5 : Tentation du « score facile » / impact washing
Solution : privilégier l’authenticité : ne pas surévaluer les réponses, faire relire par un comité d’éthique interne ou externe, se donner des marges de vérification.
Problème 6 : Impact indirect (fournisseurs) mal maîtrisé
Solution : identifier les fournisseurs à fort impact (coûts, volumes, risques), les prioriser pour exigences ESG, audits, formations, feuille de route progressive.
Problème 7 : Évolution des standards B Lab
Solution : veille active, anticiper les versions (par exemple V2.1), intégrer les attentes futures (emissions scope 3, droits humains, due diligence).
6. Bonnes pratiques et études de cas
Exemple 1 : Foodles (France / Belgique / Royaume-Uni)
Secteur : restauration d’entreprise / cantines connectées / frigos intelligents
Foodles est certifié B Corp depuis août 2023 avec un score global de 84 points.
Solutions concrètes : • Evaluation environnementale de leurs recettes.
Partenariat gestion des déchets : En Grande-Bretagne, Foodles s’associe avec ReFood (site de valorisation biologique) pour traiter ses déchets alimentaires non réutilisables, transformés en énergie ou fertilisants.
• Approvisionnement raisonné et carte nutritionnelle : Ils privilégient des ingrédients de circuits responsables, adaptent leurs menus aux saisons, et affichent des scores (Nutri-Score) pour plus de transparence.
Que retenir du cas Foodles :
L’évaluation au niveau des plats (recettes) permet de faire remonter les leviers d’impact les plus efficaces (ingrédients, origine, proportion végétale, etc.). Associer des initiatives “aval” (gestion des déchets) complète les efforts “amont”. Une certification crédible incite à structurer des outils de mesure plus fin (LCA / émissions par plat), un différenciateur dans le secteur.
Exemple 2 : Fallow Restaurant (Londres, Royaume-Uni)

Activité / positionnement : restaurant gastronomique contemporain, axé sur la cuisine durable, “root-to-shoot / beak-to-feet” (utilisation intégrale des ingrédients, valorisation des “déchets”), découvertes culinaires éthiques.
Certifié B Corp depuis avril 2024. Il a obtenu un score global de 83,9 points (au-dessus du seuil requis de 80) selon le B Impact Assessment.
Pratiques concrètes mises en œuvre :
• Valorisation des “ingrédients oubliés” ou sous-utilisés : par exemple utiliser la tête de morue (cod’s head) ou des restes de champignons pour des plats créatifs.
• Principe “root-to-shoot / beak-to-feet” : tirer parti de la totalité de l’ingrédient (tiges, racines, parties végétales parfois négligées).
Que retenir du cas Fallow ?
L’innovation culinaire peut être un levier d’impact (utilisation partielle / “zéro gaspillage”).
Même dans un secteur à haute intensité opérationnelle, il est possible de structurer gouvernance, mission, politiques internes pour satisfaire le BIA.
Ne négligez pas les “petits” impacts (utilisation complète, valorisation des matières résiduelles), ce sont souvent eux qui différencient les scores proches du seuil
7. Conclusion et regard nuancé sur la certification
La certification B Corp est une démarche stratégique à fort impact, capable de transformer la culture interne, la réputation, l’innovation produit et la crédibilité auprès des parties prenantes.
Cela dit, si la certification B Corp s’est imposée comme une référence mondiale de l’entreprise responsable, elle n’est pas exempte de critiques.
Certains observateurs pointent le coût, la complexité administrative ou encore le risque de dilution du label face à sa popularité croissante : des grands groupes peuvent obtenir la certification malgré des pratiques perfectibles, tandis que de petites structures très vertueuses n’ont pas toujours les moyens de s’y engager.
D’autres estiment que le processus reste anglo-saxon dans sa culture : orienté vers le reporting et la preuve documentaire, ce qui peut heurter les entreprises plus orientées terrain ou artisanales.
Cependant, la majorité des acteurs s’accorde sur un point : au-delà du label, le processus B Corp pousse à la rigueur, à la transparence et à la transformation culturelle. Même imparfait, il constitue aujourd’hui l’un des outils les plus solides pour crédibiliser une démarche RSE et éviter le “greenwashing” structurel.
FAQ
Comment obtenir la certification B Corp ?
En suivant 5 étapes : audit interne, remplissage du BIA, mise en œuvre d’actions d’amélioration, audit par B Lab, et recertification tous les 3 ans.
Combien coûte le label B Corp ?
Entre 1 000 € et 50 000 € par an selon le chiffre d’affaires, plus le temps humain pour collecter les preuves et mettre en place les actions.
Pourquoi devenir B Corp ?
Pour renforcer la crédibilité, motiver les équipes, améliorer la performance ESG et rejoindre un réseau d’entreprises à impact.



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